Quelle alternative à Windows 10 ? Peut-on se passer de Windows et des logiciels payants ?
Envisager le remplacement de Microsoft Windows par une distribution Linux comme alternative à Windows 10 comme Ubuntu sur son ordinateur personnel (ou professionnel) est tout à fait fait compréhensible. Linux est en effet une excellente et performante alternative gratuite à Windows et peut tout à fait remplacer le système d’exploitation de Microsoft pour un usage personnel voire professionnel. Vous êtes peut-être dans ce cas, notamment depuis la fin du support de Windows 7, le 14 janvier 2020, qui a poussé de nombreux utilisateurs à migrer de Windows 7 à Windows 10 sans forcément avoir besoin d’acheter une licence pour Windows 10. Mais cela ne doit pas se limiter à la question du système d’exploitation. Un PC sous Windows exécute une multitude de logiciels supplémentaires, avec lesquels chacun a ses habitudes.
Du fait de l’implantation massive de Windows sur les postes de travail aussi bien domestiques que professionnels, les éditeurs de logiciels attachent une certaine priorité au développement à destination de cette plateforme. Bien souvent, il n’est pas prévu qu’un portage compatible avec un système d’exploitation basé sur Linux soit maintenu par l’éditeur, et cela doit être pris en compte lors d’une migration vers le monde de l’open source. Pour cela, il faut en premier lieu définir ce qu’on attend de son poste de travail, et quels logiciels utilise-t-on pour arriver à ce but. Une fois ce travail d’inventaire des logiciels nécessaires effectué, il faut trouver leurs équivalents disponibles pour le système au pingouin, lorsqu’ils existent ; ce qui est très souvent le cas.
A la question « est-il possible de se passer de Windows ? », la réponse est un peu plus complexe que oui ou non, mais on pourrait la résumer laconiquement par probablement. Ceci est particulièrement vrai pour l’usage domestique, cas traité dans cet article qui propose de citer pour quelques activités courantes, quels logiciels disponibles dans les grandes distributions Linux peuvent s’acquitter de la tâche. Bien que dans les plupart des cas, et comme souvent avec les logiciels libres, il existe plusieurs alternatives dans le choix des logiciels, ici ne sera présenté qu’un exemple par domaine cité.
Surfer sur internet avec Firefox
Mozilla, l’éditeur du navigateur bien connu Firefox, est une fondation à but non lucratif qui développe un certain nombre de technologies ouvertes, interopérables et respectant les standards, parmi lesquelles, le fameux navigateur au panda roux. Ce dernier est disponible pour Linux au même titre que pour Windows, et maintenu de la même manière pour toutes ces plateformes. En outre, il dispose de la même bibliothèque d’extensions, des mêmes performances, de la même compatibilité et des mêmes rendus des pages , des même fonctionnalités (navigation privée, mode Lecture etc…) et des autres technologies web. Ceci a une conséquence importante dans la mesure où le web moderne n’est plus seulement composé des sites contenant des pages plus ou moins dynamiques, mais propose également de véritables applications, de plus en plus nombreuses. Cette logithèque immense et en constante augmentation, est donc complètement à portée de l’utilisateur de Linux.
Ici, la transition se fera alors en douceur pour celui qui utilisait déjà Firefox avant sa migration dans les systèmes d’exploitations libres.
Faire de la bureautique avec LibreOffice
C’est Microsoft qui domine le marché des logiciels bureautique depuis la nuit des temps ou presque, avec les versions successives d’Office. Dans un passé relativement récent, la bureautique a cristallisé des tensions autour de la problématique qu’est l’inter-opérabilité et la standardisation des formas de document. En effet, profitant de son quasi-monopole dans les logiciels de bureautique, Microsoft a imposé ses formats de documents propriétaires tels que le .doc pour les documents de texte enrichi, le .xls pour les tableurs ou le .ppt pour les présentations. Cependant, un format propriétaire est par définition non inter-opérable et donc seulement accessible aux utilisateurs détenant une licence de Microsoft Office. Le besoin de standardisation des documents bureautique est donc apparu, notamment à l’initiative des organismes de standardisation tels que ISO. C’est ainsi qu’en 2007, pour la sortie de la version de Microsoft Office de la même année, est apparu le nouveau format de document Office Open XML, fortement inspiré par le format déjà standardisé, libre, ouvert et donc par nature inter-opérable : OpenDocument. Ce dernier est le format recommandé en France, et il est soutenu et porté par la Document Foundation qui est l’entité qui développe la suite bureautique open source LibreOffice.
LibreOffice est une suite de logiciels de bureautique disponible dans toutes les grandes distributions Linux, et propose les applications suivantes :
- Writer : le logiciel de traitement de texte.
- Calc : le tableur.
- Impress : le logiciel de création de présentations.
- Base : le logiciel de création de bases de données.
- Draw : le logiciel de dessin pour créer des organigrammes ou des schémas.
- Maths : le logiciel d’écriture de formules mathématiques.
LibreOffice est donc une suite de logiciels très complète, couvrant l’intégralité des besoins que l’on peut avoir pour cette activité. Son format de document de prédilection est le format OpenDocument, mais elle est pleinement compatible avec le format Office Open XML aussi bien en lecture qu’en écriture, car le format a été standardisé et est documenté. LibreOffice est également capable de lire et d’écrire des documents enregistrés avec l’ancien format propriétaire de Microsoft Office, grâce au travail de rétro-ingénierie qui a été mené pour développer le support de ce format.
Il faut également noter que des produits open source tels que OnlyOffice proposent une alternative à Microsoft Office365, en fournissant une suite bureautique en mode web. Cette dernière est open source et gratuite jusqu’à 20 utilisateurs. Toutefois, sa mise en place nécessite une infrastructure de serveurs web et est donc à réserver aux utilisateurs expérimentés.
Éditer des images avec GIMP
Parmi la multitude de logiciels de traitement d’image, GIMP (pour GNU Image Manipulation Program) est l’un des plus anciens logiciels libres, avec un projet datant déjà de plus de 20 ans. C’est un logiciel complet, aux nombreuses fonctionnalités et il est notamment capable de travailler avec des calques ou les canaux de couleur par exemple. Il dispose de nombreux filtres et effets, et ses fonctionnalités peuvent être étendues grâce à un système d’extensions comportant déjà de très nombreuses références. En outre, il dispose d’une interface programmable permettant de scripter des actions afin d’automatiser les tâches répétitives.
Malgré sa puissance, GIMP ne prétend pas se positionner en face d’un mastodonte du marché tel qu’Adobe Photoshop, mais il ne fait aucun doute que ses fonctionnalités couvrent bien plus que l’intégralité des besoins d’un utilisateur lambda.
Bien que la prise en main de GIMP puisse dérouter un peu la première fois, l’utilisateur débutant trouvera très rapidement ses marques parmi les panels et les outils. En plus de son propre format d’image, GIMP sait ouvrir et enregistrer des très nombreux autres formats, des plus courants aux plus confidentiels, des plus standardisés aux plus propriétaires.
Réaliser des cartes de vœux (et bien d’autres publications) avec Scribus
Lorsqu’il s’agit de la création de médias de publication de type cartes de visite, de vœux, brochures et autres livres ou magasines, le logiciel libre de référence est Scribus. Le projet est apparu au début des années 2000 et la première version stable est sortie en 2003. Le logiciel a atteint un degré de maturité très élevé, et il propose à travers une interface simple, à la prise en main rapide, une solution de publication assistée par ordinateur qui saura répondre aussi bien aux besoins de création d’une petite publication familiale qu’aux besoins pointus d’un utilisateur avancé.
Il est capable d’importer directement des documents de texte enrichi en provenance d’Open Office, au format .odt. Il sait également travailler avec le format PDF, pour exporter les créations, avec un grand nombre d’options ; il permet notamment de créer des formulaires PDF.
Envoyer, recevoir et gérer les mails avec Thunderbird
Thunderbird est un autre projet majeur de la fondation Mozilla, en même temps que Firefox. Il est resté en hibernation quelques temps pour des raisons organisationnelles, mais la fondation a repris son développement actif et Thunderbird suit à présent les évolutions technologiques de Firefox. Il est bien entendu compatible avec tous les protocoles standards de messagerie, et dispose, à l’instar de Firefox d’un système d’extensions permettant de lui ajouter des fonctionnalités. L’une des plus fameuses a d’ailleurs fini par être intégrée au projet principal : il s’agit de lightning, qui ajoute un gestionnaire d’agenda et de tâches à Thunderbird. Que ce soit avec le carnet de contacts natif, ou avec le gestionnaire de calendrier, Thunderbird est compatible avec plusieurs protocoles de synchronisation permettant de synchroniser ses contacts ou ses agendas en ligne. Thunderbird sait également gérer le courrier chiffré, si la confidentialité des échanges de mail est importante.
En plus de ses fonctions de client de messagerie électronique, Thunderbird sait agréger des flux RSS, se connecter aux groupes de discussion ou encore opérer comme client de messagerie instantanée. Ces fonctions en font donc un logiciel de communication très complet.
Gérer sa bibliothèque musicale avec Banshee
Avant tout Banshee est un logiciel de lecture audio et vidéo, qui se base sur le moteur GStreamer pour jouer tous ces fichiers multimédias. Parallèlement, il se propose de gérer la bibliothèque multimédia en indexant un ou plusieurs emplacements contenant des fichiers audio ou vidéo. Il dispose d’un puissant moteur d’édition des méta-données des fichiers audio pour aider à classer proprement sa bibliothèque, et permet l’édition par lots. Il dispose également d’une fonction de contrôle des métas-données, permettant d’uniformiser certaines informations qui divergent seulement par la manière dont elles ont été saisies. Il sait construire des playlists, qu’elles soient classiques ou intelligentes selon des critères comme la date d’entrée des fichiers dans la bibliothèque pour filtrer les plus récents, les plus lus, ceux marqués comme favoris, et encore bien d’autres critères.
Banshee sait également s’abonner à des podcast et les agréger dans sa bibliothèque, ainsi que se connecter à des web-radios. Son système d’extensions permet de le compléter, notamment en lui ajoutant le support de nombreux périphériques tels que les lecteurs portables Apple ou d’autres marques. Elle permettent également de lui ajouter des fonctionnalités telles qu’un client DLNA, ou un support de certaines boutiques en ligne.
Gérer sa photothèque avec Shotwell
Shotwell propose de gérer une bibliothèque de photos soit en se basant sur l’arborescence des dossiers existante, soit selon des métas-données saisies pour décrire les images, soit bien sûr par date. Un des avantages clés de Shotwell est sa capacité à décoder des images aux format raw de nombreux constructeurs d’appareils photo ; il est par ailleurs capable d’importer les clichés directement depuis ces appareils branchés à l’ordinateur.
Il dispose également de fonctionnalités de retouche d’images, avec notamment des filtres automatiques comme le traitement des yeux rouges, ou bien encore des fonctions de recadrage et redressage ou d’ajustement de luminosité. Tout ceci en fait un compagnon indispensable du photographe amateur, utilisateur de Linux.
Faire ses montages vidéo avec Kdenlive
Kdenlive est un logiciel de montage audio/vidéo simple d’usage et rapide à prendre en main. Il est ainsi très accessible à l’utilisateur novice, mais la richesse de ses filtres, fonctions et transitions le rendent tout à fait capable de contenter l’utilisateur expert. Comme son nom l’indique, il repose sur la bibliothèque Qt de KDE pour son développement, et utilise le décodeur FFmpeg pour son support audio/vidéo ce qui le rend compatible avec de très nombreux codecs. Tout ceci fait de Kdenlive un remarquable outil pour monter les vidéos familiales, mais également pour réaliser des productions extrêmement pointues.
Pêle-mêle, quelques autres grands noms
En effet, cet article est loin d’être exhaustif, et il ne serait pas correct de ne pas citer d’autres célébrités des logiciels libres comme Blender, l’incroyable logiciel de modélisation et d’animation 3D, Inkscape, le logiciel de dessin vectoriel de qualité professionnelle, Krita, le fameux outil de peinture numérique, ou encore VLC, le célébrissime couteau suisse de la lecture et de la diffusion de contenu audio/vidéo.
Et le jeu ?
Là c’est un peu moins évident. En effet, les grands studios de création de jeu vidéo gèrent souvent de multiples plateformes pour la compatibilité de leurs jeux (à l’exception des exclusivités commerciales) avec les différentes marques de consoles de jeux vidéo. La plateforme de jeu PC est donc quasi-exclusivement assimilée au PC sous Windows. De plus, les gros blockbusters sont très souvent développés avec la bibliothèque graphique directX de Microsoft ce qui les cantonne à la plateforme Windows. Cependant, il existe plusieurs alternatives.
Les jeux nativement compatibles avec Linux, installables depuis le gestionnaire de paquets de la distribution
On en trouve de nombreux directement dans les dépôts de logiciels des grandes distributions Linux. Pour la plupart, ils sont open source aussi bien par leur code que pour leur partie artistique. Les grandes distributions, voir les grands environnements graphiques de bureau proposent un gestionnaire de logiciels avec une thématique dédiée au jeu.
Steam
Steam est la plateforme de jeu de la société Valve. Elle regroupe des milliers de jeux, dont un nombre important de jeux compatibles Linux (plus de 1800). Il est à noter que ces jeux ne sont pas forcément open source, et la plupart ne sont pas gratuits. Le client Steam permettant de se connecter à la plateforme est compatible avec Linux, et permet d’installer facilement les jeux compatibles.
Wine et playonlinux pour les jeux Windows
Malheureusement la très grosse majorité des jeux les plus populaires n’est pas nativement compatible avec Linux. Pour ceux-ci, il reste cependant souvent possible de les utiliser sous Linux grâce à Wine. Wine est une pile de compatibilité logicielle qui permet de rediriger les appels système d’un logiciel pour Windows vers les librairies équivalentes sous Linux. Il présente également la structure classique des répertoires de Windows à l’application. Ainsi, celle-ci se crois exécutée sous Windows. Wine n’est pas spécifique au jeux vidéo, mais de nombreux utilisateurs s’en servent ainsi, avec succès. Son utilisation requière cependant de bonnes connaissances, et beaucoup de patience pour atteindre le résultat souhaité, ce qui le réserve aux utilisateurs avertis.
Playonlinux est une interface facilitant l’utilisation de Wine pour faire tourner des jeux Windows sous Linux, qui sait entre autres gérer la cohabitation de multiples versions de Wine ce qui est très commode, car souvent un jeu donné n’est pleinement fonctionnel qu’avec une version précise de Wine.
Lutris, un pas de plus vers la facilité d’installation et de lancement des jeux
Lutris est un gestionnaire de jeux se présentant comme une ludothèque. En effet, il propose de centraliser le lancement de tous les jeux accessibles depuis notre Linux, à la manière d’une bibliothèque de contenu. En réalité, il sait faire bien plus que ça, et la facilité d’installation des jeux qu’il permet (en particulier les jeux pour Windows, achetés via certaines plateformes à grand trafic par exemple, mais pas que) est tout à fait enthousiasmante. Nous en parlons plus en détails dans un article un peu plus dédié au jeu sous Linux.
Alors, puis-je vraiment me passer de Windows ?
Comme on l’a vu au cours de l’article, l’écosystème de logiciels libres gravitant autour des distributions Linux propose un panel riche de logiciels pour combler tous les besoins domestiques (et même bien plus), et ce pour tous types d’activité. Si on se cantonne à ces besoins, oui, il est tout à fait possible de se passer de Windows, et de nombreuses personnes le font.
Le cas du jeu vidéo est une limite, car bien que de nombreux jeux soient nativement compatibles avec Linux, les grands titres des grosses maisons de production sont généralement développés pour Windows. Même si il reste possible de faire fonctionner ces jeux avec Wine, les installer dans ces environnements demande plus d’efforts et de patience que l’habituel « suivant – suivant – terminer » sous Windows.
Une autre limite peut également se nicher dans le support de certains périphériques, pour les gamers par exemple, comme les souris à 56484 boutons et lumières, avec des résolutions stratosphériques et des possibilités de programmation qui nécessitent souvent un pilote qui n’existe que pour Windows. Dans ce cas, c’est à l’achat qu’il faut être attentif pour s’assurer que l’on aura pas de mauvaise surprise avec le pingouin.
Enfin on notera que de nombreux logiciels cités ci-dessus sont également disponibles pour Windows, et qu’on pourra alors se familiariser avec eux sans quitter l’environnement de Microsoft, au moins au début ;)
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