Quelle distribution Linux installer sur un vieux PC ?
Le choix de la distribution Linux installer sur un vieux PC est un sujet qui me touche beaucoup, à plusieurs titres. Tout d’abord, parce que j’aime bien faire durer le matériel, et je tire une certaine satisfaction à utiliser des vieilles machines. Ensuite, et c’est sans doute le plus important, pour des considérations environnementales, car il évident que plus un PC vit longtemps, moins on consommera de ressources pour en fabriquer de nouveaux.
Dans l’incessante et vertigineuse évolution des matériels informatiques et des smartphones, un équipement vieux de 5 ans devient par exemple une antiquité, même s’il remplit toujours très bien ses fonctions de base. A ça, il y a plusieurs raisons. Les mauvaises, comme l’obsolescence programmée par exemple, ou les bonnes, comme l’augmentation de la puissance. Choisir de faire tourner son vieux (vraiment vieux, ou pas si vieux, c’est pareil) matériel sous une distribution Linux, c’est déjà s’affranchir de la mauvaise raison citée précédemment.
Pas d’obsolescence programmée sous Linux
La philosophie même des logiciels libres tels que Linux vient contredire le principe de l’obsolescence programmée. Dans les systèmes propriétaires (le contraire de libre), il est imaginable (et pas rare dans la pratique) que par exemple votre beau scanner qui fonctionnait très bien avec votre ancien système d’exploitation, ne fonctionne plus avec le nouveau, car son fabriquant a décidé de ne plus assurer la compatibilité. Et vous ne pourrez pas y faire grand chose. Avec les logiciels libres, le code qui permet à votre matériel de fonctionner (le driver) est libre lui aussi, partie intégrante du noyau Linux, et on le retrouvera dans les versions suivantes successives. Votre scanner fonctionnera toujours sur chaque nouvelle distribution Linux, inutile d’en racheter un à chaque changement de système.
Bien cibler son usage
On parle bien ici de faire durer encore un peu une vieille machine. On ne va donc évidemment pas attendre de la distribution Linux qui l’anime de transformer notre vieille rosse en machine de guerre capable de faire tourner les derniers jeux AAA à la mode (même si on peut très bien jouer sous Linux). Le but ici est de pouvoir utiliser cette machine pour avoir de manière aussi confortable que possible des activités telles que le surf, la bureautique, la messagerie/réseaux sociaux, et pourquoi pas même du multimédia (vidéo, musique, un peu de retouche photo…).
L’importance de l’environnement graphique de bureau
Il y a de nombreux critères permettant de jauger le caractère léger d’une distribution Linux, comme son occupation de l’espace disque une fois tous ses éléments de base installés ou bien encore la mémoire vive consommée une fois l’ordinateur démarré et la session ouverte. Parmi ces critères, à mon sens, le plus important est l’environnement graphique de bureau. En effet, c’est cette couche graphique qui va bien souvent utiliser le plus de ressources sur l’ordinateur, et donc c’est par là qu’il faut commencer pour économiser ces dernières.
Il existe plusieurs environnements graphiques de bureau, certains étant richement dotés en effets graphiques par exemple, alors que d’autres sont plus sobres. Ce sont évidemment parmi ces derniers qu’on fera notre choix pour faire tourner une vieille machine. On pourra citer comme environnement graphique de bureau léger Xfce, MATE ou bien encore LXQt. Pour un inventaire plus détaillé des ces environnements graphiques (parmi d’autres), je vous invite à consulter notre article dédié à la présentation des environnements graphiques pour Linux.
32 ou 64 bits ?
On peut effectivement grosso modo faire tourner une distribution 32 bits sur un processeur 64 bits (l’inverse n’étant pas vrai).
C’est une question qu’on se pose rarement en 2021, depuis longtemps. En effet, cela fait maintenant 20 ans que les premiers processeurs 64 bits à destination du grand public ont été commercialisés, et ils se sont très vite imposés par la suite. Malgré ça, l’installation d’un OS 32 bits sur un système 64 bits n’est pas forcément un non sens, car même si il est moins optimisé, la version 32 bits d’un système d’exploitation et des logiciels de la distribution consommera souvent moins d’espace disque, et moins de mémoire vive. Dans certains cas extrêmes, ça peut être décisif. On tâchera donc de présenter dans cet article des distributions Linux légères, disponibles à la fois en 32 bits et en 64 bits.
Quelle distribution Linux pour un vieux PC ?
Dans notre article présentant quelques fameuses distributions Linux, on expliquait qu’elles étaient très nombreuses. Ainsi, par extension, il existe de nombreuses distributions Linux légères, adaptées à une utilisation sur un vieil ordinateur. Cet article ne prétend pas dresser une liste exhaustive de toutes celles-ci, mais propose de présenter quelques distributions ou solutions parmi mes préférées.
Lubuntu : une saveur légère d’une des distributions les plus célèbres
Lubuntu est une distribution basée sur Ubuntu, se voulant plus légère et plus rapide que l’originale. Pour ce faire, elle utilise par défaut l’environnement graphique de bureau LXQt, en plus d’un certain nombre de petites optimisations visant à réduire son empreinte sur la consommation de la mémoire vive. Ainsi, elle ne consomme que 315 Mo de mémoire au démarrage. L’installation de base de la distribution n’occupe que 6 Go sur le disque dur.
Le cycle de sortie de nouvelles versions est calée sur les sorties des versions à support étendu de la distribution d’origine ; Lubuntu profite ainsi des 5 ans de support des versions LTS de Ubuntu. Une nouvelle version sort tous les deux ans, ce qui permet à chacun de gérer comme il l’entend la mise à jour du système d’exploitation de son vieux micro.
Attention, il faut toutefois noter que depuis 2019, Ubuntu ne fournit plus de version 32 bits de son système, ça sera donc également le cas pour Lubuntu. Si votre choix se porte sur cette distribution et que vous avez besoin d’une version 32 bits, vous pourrez vous rabattre sur Lubuntu 18.04, qui est toujours supportée jusqu’en avril 2023.
Par défaut Lubuntu propose un panel de logiciels libres permettant de couvrir un grand nombre de tâches comme la suite bureautique LibreOffice, le navigateur web Firefox, un client de messagerie électronique, une visionneuse d’images, le lecteur multimédia VLC et bien d’autres encore. Il est bien sûr possible d’en installer de nombreux autres logiciels parmi les paquets Ubuntu à l’aide du gestionnaire de paquets graphique Muon ; ce dernier gérant également les mises à jour du système.
Pour tester Lubuntu, et vérifier que l’environnement graphique de bureau LXQt vous convient, vous pouvez bien entendu démarrer votre ordinateur en live CD ou live USB depuis le média d’installation, sans modifier votre système actuel.
Emmabuntüs : la distribution pour reconditionner les ordinateurs usagés donnés aux associations humanitaires
La distribution Emmabuntüs est basée sur Debian, comme son nom ne l’indique pas. A l’origine, cette distribution a été développée pour permettre le reconditionnement et la revente d’anciens ordinateurs donnés aux communautés Emmaüs. Ainsi, le projet permet de donner accès à des outils informatiques équipés de logiciels libres au plus grand nombre, ainsi que de prolonger la durée de vie des matériels.
Comme Debian sur laquelle elle repose, Emmabuntüs est disponible en version 32 bits ou 64 bits, ce qui laissera le choix et permettra de continuer à faire fonctionner de très vieilles machines. Le support des versions sera celui de Debian (ce sont les dépôts logiciels de Debian qui sont utilisés), ainsi une version sera dans le cycle de support standard tant qu’il n’y aura pas de nouvelle version de sortie (la durée est variable, mais l’ordre de grandeur est environ 2 ans), puis ce support rentrera dans un cycle de maintient étendu durant encore deux autres versions de Debian (passage en old stable, puis oldold stable) durant lequel les mises à jour de sécurité continueront d’être publiées, étendant ainsi la durée de vie de la distribution à environ 5 à 6 ans.
Emmabuntüs utilise par défaut l’environnement graphique de bureau Xfce, mais propose en alternative également LXQt. Comme LXQt, Xfce est un environnement de bureau complet dont le but est d’être le pus économe possible en ressources, lui permettant ainsi de fonctionner tout à fait correctement même sur du matériel ancien.
Ceci permet à Emmabuntüs de ne consommer que 512 Mo de mémoire au démarrage, ainsi que de n’occuper que 9 Go d’espace disque après son installation de base.
Notez que LXQt proposé en alternative, est déjà installé avec l’installation de base, ce qui explique le fait que Emmabuntüs consomme 3 Go d’espace disque de plus que Lubuntu.
Comme Lubuntu, Emmabuntüs est installée de base avec un riche panel de logiciels libres permettant out of the box de couvrir à peu près tous les besoins d’un usage familial de l’ordinateur.
Pour tester Emmabuntüs, vous pouvez évidemment démarrer votre ordinateur en live CD ou live USB depuis le média d’installation, sans modifier votre système actuel.
Un exemple de solution DIY : Debian + MATE
C’est une solution alternative : comme toutes les grandes distributions proposent dans leurs paquets des environnements graphiques de bureau légers, pourquoi ne pas en choisir un et l’installer sur sa distribution favorite ? On n’aura probablement pas toutes les optimisations que les développeurs des distributions ayant vocation à tourner sur des vieux PCs auront faites, mais ça reste tout à fait crédible.
Personnellement, c’est la solution que j’utilise à chaque fois qu’on me demande de faire durer un vieux PC. J’installe Debian avec l’environnement de bureau MATE. C’est avec ça que tournent par exemple les PCs de plus de 10 ans de mes enfants, et ces derniers peuvent dans des conditions très correctes participer à leurs classes virtuelles, faire de la visio, regarder des vidéos en streaming, communiquer ou produire du contenu créatif de toute sorte.
MATE est un environnement de bureau complet, qui a une longue histoire car il est issu de l’environnement graphique de bureau Gnome 2. Il dispose ainsi de nombreux utilitaires, et est relativement peu consommateur de ressources, convenant ainsi à notre vieille bécane. Par exemple, le système ainsi formé ne consomme que 456 Mo de RAM au démarrage.
Notez toutefois que la solution do it yourself n’est pas livrée clés en main, et qu’il faudra installer soit-même les logiciels dont on pourrait avoir besoin, comme la suite LibreOffice (une alternative gratuite à la suite Microsoft Office) ou le lecteur multimédia VLC par exemple.
Cela fait un peu plus de boulot, mais en même temps on n’installera que strictement ce dont on a vraiment besoin, allégeant ainsi la charge sur le stockage de notre vieille babasse, par exemple ici en n’occupant que 4,8 Go sur le disque dur.
Bien sûr, il y en a de nombreuses autres
Cet article avait pour parti pris de ne pas multiplier les exemples de distributions convenant à l’utilisation sur un vieux micro, mais voulait plutôt exposer trois solutions proposant trois exemples d’environnements graphiques de bureau adéquats.
Il existe d’autres environnements graphiques de bureau qui pourraient faire l’affaire, comme LXDE ou Razor-Qt, mais ceux-ci vont tendre à disparaître au profit de LXQt (comme expliqué dans notre article sur les environnements de bureau).
Pour ce qui est des distributions, nous n’avons donc pas cité Puppy Linux (qui est plus une collection de distributions packagées avec un gestionnaire de fenêtres le plus léger possible), Tiny Core Linux ou bien encore SliTaz qui sont toutes deux des distributions parmi les plus extrêmes concernant l’économie des ressources, les rendant peut-être un petit peu moins accessibles. Sachez qu’il en existe encore de nombreuses autres !
Commentaires
Le 09/03/2023 à 22 h 04 min, Lolo a dit :
Bel article, je vais m’essayer à Debian 11 avec mate sur un pc de 8g de ram.
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