Comment essayer Ubuntu (Linux) sans modifier son ordinateur avec un live CD ou un live USB ?
La plupart des grandes distributions Linux proposent des médias d’installation qui ont aussi pour rôle celui de live CD ou live USB. Ce terme désigne une fonctionnalité apparue il y a presque 20 ans avec des distributions pionnières sur le live telles Knoppix, et qui est intégrée à présent aux installateurs. Elle consiste à démarrer une distribution depuis un média alternatif au disque dur, tel qu’un CD ou une clé USB. La distribution tourne alors de manière totalement indépendante à l’installation du système sur le disque dur original, et bien qu’elle peut potentiellement y avoir accès, ne fait aucune modification dessus.
Cette fonctionnalité permet entre autre de tester une distribution Linux sans l’installer, mais pas seulement. Des distributions 100 % live existent et ont diverses fonctionnalités, comme servir de couteau suisse pour la réparation de systèmes (comme sysrescuecd), d’utiliser un système dédié au respect de la vie privée (comme Tails), ou de permettre à l’utilisateur de se balader avec son système sans transporter un ordinateur, et de le démarrer sur n’importe quelle machine.
Les grands éditeurs d’antivirus se sont également emparés de cette fonctionnalité et proposent quasiment tous désormais des systèmes démarrant depuis un CD ou une clé USB permettant de faire des analyses et des nettoyages antiviraux sans avoir à démarrer le système infecté, ce qui est souvent plus efficace. L’avantage de disposer d’une version live d’une distribution est également de pouvoir l’essayer avant toute installation, afin de s’assurer que les fonctionnalités attendues sont bien présentes, sans altérer son installation précédente et qu’elle permettra de ne plus utiliser Windows. Nous allons donc voir ici comment essayer Ubuntu sans modifier son ordinateur.
Création d’une clé usb bootable (« démarrable ») de Ubuntu 19.10 avec rufus
Le premier élément nécessaire est évidemment une image de la distribution qui va être utilisée. Ici, c’est une image ISO de Ubuntu 19.10 qui sera téléchargée.
L’outil qui permet de créer la clé USB bootable est rufus : c’est un outil très facile à utiliser, il demande peu de paramétrage à l’utilisateur non-expert tout en permettant de jouer sur certains paramètres pointus quand on est dans un cas particulier.
On le télécharge depuis son site portail ; ici, nous choisirons la version portable qui donc, ne nécessite pas d’installation sur le système.
Une fois téléchargé, on lance l’exécutable portable. Si la fenêtre suivante de contrôle de compte UAC apparaît, il faut cliquer sur « oui ».
La fenêtre principale de rufus attend alors que l’on indique le périphérique USB sur lequel écrire l’image ISO que l’on a téléchargée précédemment. Attention à cette étape : bien que rufus dispose d’un filtre qui lui évite de présenter autre chose
qu’une clé USB dans la rubrique « périphérique » (le disque dur principal de l’ordinateur ne devrait pas apparaître par exemple), il est tout de même prudent de vérifier deux fois son choix ici, car les données éventuellement présentes dessus seront détruites.
Le choix de l’image se fait en cliquant sur le bouton « sélection », puis en naviguant vers le répertoire dans lequel le fichier ISO a été téléchargé. Dans le cas de Ubuntu 19.10, il faudra une clé de 4Go minimum pour accueillir l’image.
Le paramétrage du schéma de partition et du système de destination dépend de l’ordinateur que l’on voudra démarrer, et du système à démarrer depuis la clé USB. En chargeant l’image, rufus détermine le meilleur réglage, mais on garde cependant la main pour le modifier.
Si l’ordinateur est ancien, le bon choix est une table de partition MBR et un système de destination BIOS ou UEFI. Si c’est un ordinateur relativement récent, le choix précédent fonctionnera à condition d’utiliser le mode de démarrage compatible (souvent noté « legacy »). On pourra sur ces mêmes ordinateurs utiliser alternativement le démarrage natif en utilisant cette fois le schéma de partition GPT avec le système de destination UEFI, mais il faudra probablement désactiver au moins temporairement le « secure boot » qui est un système qui vérifie les images de démarrage.
Il suffit à présent de lancer le processus de création en cliquant sur « démarrer ». Si la fenêtre ci-dessous apparaît, il faut cliquer sur « oui » pour permettre à rufus de télécharger la version des utilitaires de démarrage syslinux correspondant à cette version du live CD d’Ubuntu. Si on répond « non » à cette étape, le démarrage sur la clé USB ne fonctionnera pas.
Il est possible que rufus demande quelle méthode de copie préférera-t-on pour transférer l’image ISO sur la clé USB. Le plus rapide est de choisir le mode « image ISO » qui recopiera le contenu du fichier ISO sur la clé USB en mode fichier. L’autre mode « image DD » fonctionnera aussi, mais le processus de création est plus long : il copie l’image bit à bit comme si c’était une sauvegarde de disque dur par exemple. Cependant on pourra se rabattre sur ce mode si le démarrage ne fonctionne pas avec la clé créée en mode ISO.
La boite de dialogue suivante est la dernière chance de changer d’avis, ou de s’assurer de ne pas s’être trompé de clé avant l’écriture des données dessus.
Note sur la clé USB utilisée
Il faut bien garder à l’esprit que toutes les clés USB ne se valent pas, et que la différence de qualité entre deux clés peut être importante. D’une manière générale, il faut préférer utiliser une clé USB de marque reconnue, plutôt qu’une clé destinée à un usage publicitaire par exemple. En effet, il arrive parfois qu’on ne puisse pas démarrer sur une clé simplement parce qu’elle est de mauvaise qualité.
Démarrage de l’ordinateur à partir de la clé USB
La suite des opérations consiste à démarrer l’ordinateur depuis la clé live USB fraîchement créée. Il va falloir temporairement, pendant l’amorçage, au moment du POST (au tout début du démarrage de l’ordinateur, quand son logiciel interne BIOS ou UEFI initialise le matériel) indiquer à l’ordinateur que l’on souhaite démarrer sur un autre périphérique que le disque dur interne. La manipulation repose sur le pressage d’une touche, qui est variable d’un ordinateur à un autre, et dont l’activation appelle un menu de démarrage, dans lequel on peut choisir la clé. Généralement, c’est souvent la touche F12 qui est utilisée, mais ça peut être aussi la touche ECHAP, la touche F2, F8, F10, suppr, voire la touche entrée. Quelques fois, c’est affiché à l’écran de l’ordinateur pendant l’amorçage, mais de manière brève. Dans tous les cas, une requête sur un moteur de recherche efficace avec la référence de l’ordinateur permettra rapidement de déterminer la bonne touche. La lecture de cet article du wiki francophone d’Ubuntu peut également être utile.
Une fois la clé USB sélectionnée comme périphérique de démarrage principal temporaire, il n’y a plus qu’à laisser faire la magie du boot USB.
Une autre possibilité pour démarrer sur la clé USB est de rentrer dans les paramètres du BIOS ou de l’UEFI, en pressant une autre touche (à déterminer en faisant également une recherche sur internet) au moment du POST, pour aller modifier le paramètres d’ordre des périphériques de démarrage et y placer la clé USB avant le disque dur. De cette manière, à chaque fois qu’une clé sera présente lors de l’amorçage, l’ordinateur tentera de démarrer dessus et se rabattra sur le disque dur si ce n’est pas possible.
Lancer Ubuntu et choisir le mode live
Le système démarre jusqu’à une étape intermédiaire, sur laquelle il faut choisir dans quel mode on souhaite l’utiliser : live, ou installation.
Après avoir sélectionné Français, qui paramètre la langue de l’interface mais aussi la configuration du clavier, il suffit de cliquer sur « Essayer Ubuntu » pour lancer le mode live.
Il n’y a plus qu’à explorer les possibilités offertes par cette distribution. Le mode live est tout autant fonctionnel que le mode normal. Attention toutefois, bien qu’il soit possible d’utiliser le gestionnaire de logiciels Ubuntu pour installer des logiciels supplémentaires à ce live, ceux-ci ne resteront que le temps de la session live, et auront disparus au démarrage suivant. Il en va de même avec les documents produits ou téléchargés.
Il y a une possibilité de créer des clés USB live dans lesquelles on peut conserver logiciels supplémentaires et données stockées, mais leur description sort du cadre de cet article et fera l’objet d’un prochain.
Gardons cette clé bien au chaud, elle servira peut-être à la prochaine étape : installer Ubuntu sur son ordinateur après avoir été convaincu que cette distribution Linux (ou une autre) saurait remplacer Windows. Il en sera question prochainement.
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