Quels sont les principaux environnements de bureau pour Linux ?
Le choix de l’environnement graphique de bureau est une étape importante lorsque l’installation d’une distribution Linux est envisagée sur son poste de travail. Ici effectivement, on parle de choix car, contrairement à Microsoft Windows ou à Apple MacOS, il existe une multitude d’environnements graphiques disponibles pour les distributions Linux. La plupart d’entre eux, au moins pour les projets les plus importants ou les plus suivis, sont disponibles dans toutes les distributions Linux les plus populaires ; en ça ils ne conditionnent pas, ou peu, le choix de la distribution.
Qu’est-ce qu’un environnement graphique de bureau ?
Un environnement graphique de bureau est composé de logiciels qui œuvrent de concert pour proposer une expérience d’utilisation graphique; c’est à dire avec des fenêtres, des boutons, et de nombreux autres éléments graphiques avec lesquels l’utilisateur peut interagir à l’aide d’une souris, ou de tout autre dispositif de pointage. En plus des ces éléments, les environnements de bureau proposent un panel d’outils, variables d’un environnement à un autre, mais qui ont pour tronc commun des logiciels parmi lesquels un gestionnaire de fichiers, des outils de configuration du bureau, ou bien encore un système de notifications qui permettent de s’affranchir des commandes Linux à saisir dans un terminal.
Voici un petit aperçu des environnements de bureau (tous open source) les plus adoptés par les utilisateurs de distributions Linux, parfois cités parmi les meilleurs environnements graphiques.
Gnome
Si Gnome est certainement l’un des environnements de bureau les plus utilisés, il fait également partie des plus anciens et des plus complets. De nombreuses grandes distributions Linux telles que Debian, Ubuntu, Red Hat ou Fedora l’utilisent comme environnement graphique par défaut. Le projet Gnome implique de nombreux développeurs et contributeurs, et fourni un environnement riche comportant également un gestionnaire de contacts, de calendrier, un lecteur multimédia ou encore une visionneuse d’images ou un navigateur web. La liste exhaustive de ses outils intégrés prendrait des pages.
Son interface, entièrement traduite en français, est présentée comme sobre, élégante et moderne, et l’ensemble est animé par de nombreux effets de transition, de miniatures ou de coulissements. A ce titre, Gnome est à réserver à des ordinateurs raisonnablement puissants, bien que des efforts aient été faits au fur et à mesure des différents développements pour le rendre accessible à des machines moins puissantes.
Dans sa version actuelle, le concept de l’interface de Gnome tranche assez radicalement avec les codes ergonomiques historiques. En effet, ses créateurs, ont recherché un moyen de le rendre plus efficace et de mieux présenter les lanceurs et les fenêtres des applications. Le changement avec le concept précédent a généré de vifs débats dans la communauté des utilisateurs et des développeurs, et cela a engendré des conséquences que nous verrons plus bas.
L’objectif de simplifier au maximum l’interface implique un environnement assez peu personnalisable à la base, ce que regrettent un certain nombre d’aficionados de Linux, qui recherchent un système à personnaliser pour le rendre unique. Cependant, un système d’extensions facilement installables est disponible pour étendre les capacités de personnalisation et les fonctionnalités de l’environnement Gnome. Ces dernières peuvent être développées par qui le souhaite, ainsi il en existe de nombreuses aux fonctionnalités diverses.
La qualité technique de Gnome est de haut niveau, et le projet implique et développe de nombreuses technologies qui font référence dans le monde du libre; pour n’en citer qu’une, il y a par exemple la bibliothèque GTK qui permet de bâtir des interfaces graphiques modernes et pointues, et avec laquelle de nombreux logiciels sont développés, même en dehors du projet Gnome.
KDE
KDE est l’autre mastodonte des environnements graphiques de bureau. Il est également extrêmement complet, et très largement utilisé. Il fait partie, au même titre que Gnome, des environnements historiques, car la première version a été publiée en 1998. De grandes distributions Linux telles que OpenSUSE l’utilisent par défaut, ou fournissent une variante utilisant KDE telles que Kubuntu ou Fedora KDE spin. Comme tous les grands projets open source, il regroupe de nombreux développeurs à travers le monde. L’environnement est riche, et fourni de nombreux logiciels et outils tels qu’un navigateur web, une suite dédiée au travail collaboratif comprenant un logiciel de messagerie électronique, un calendrier, et un carnet de contacts, ou encore un gestionnaire de bibliothèque musicale. Encore une fois, la liste exhaustive de tous les utilitaires développés par le projet serait très longue à exposer.
Une des caractéristiques très appréciée par ses utilisateurs est son aspect extrêmement configurable. En effet, il existe d’innombrables options de configuration pour toutes les composantes de l’environnement, permettant ainsi d’obtenir un système très personnalisé mais l’abondance d’options peu cependant intimider l’utilisateur découvrant KDE. L’interface propose toutes sortes d’animations des éléments graphiques, lui donnant un aspect moderne, mais faisant de KDE un environnement plutôt destiné à des ordinateurs assez puissants.
L’ergonomie de KDE reprend les codes habituels, avec une barre des tâches, un menu regroupant les lanceurs des applications, ainsi qu’une zone de notification. Cela fait de KDE un environnement à l’ergonomie rassurante pour l’utilisateur habitué à l’interface de Microsoft Windows.
Depuis quelques années, les puristes considèrent qu’il est erroné d’utiliser le nom KDE pour qualifier simplement l’environnement de bureau, car le projet a été scindé en plusieurs parties séparant l’environnement de bureau, l’ensemble des applications et outils du projet, et les briques technologiques sur lesquelles repose le projet. A ce sujet, et de manière similaire à Gnome, la qualité technique des bibliothèques graphiques de KDE, comme la bibliothèque Qt, est telle que de nombreux logiciels externes au projet utilisent ses technologies pour leur propre développement.
MATE
MATE est la première conséquence du changement de paradigme ergonomique de Gnome. En effet, en 2011 le projet Gnome publie la branche 3 de son environnement de bureau, laquelle repense fondamentalement son ergonomie. Une part importante de la communauté des utilisateurs s’indigne de ce qui est alors considéré comme une régression de l’environnement comparé à sa version précédente. Rapidement, une communauté de développeurs se forme avec pour objectif de maintenir actif un projet de maintient d’un environnement basé sur Gnome dans sa version 2 : le projet MATE est ainsi né, dès 2011.
L’environnement s’est frayé un chemin dans toutes les bonnes distributions, et même si aucune distribution majeure ne le propose par défaut, la plupart d’entre elles propose une variante avec MATE, comme par exemple Ubuntu MATE (non officiel, mais maintenu par la communauté) . Sa présence dans les dépôts de logiciels officiels de toutes ces grandes distributions le rend quoi qu’il en soit installable très facilement.
Rejeton de Gnome 2, il en hérité les nombreuses traductions ainsi que la pléthore de logiciels, le système de notification et les utilitaires de configuration. Ses nombreuses options de configuration et thèmes le rendent facilement et profondément personnalisable.
Sa légèreté en fait un environnement de choix pour les ordinateurs anciens ou peu puissants mais ne le limite pas à ces derniers. Il peut également être utilisé en coordination avec un gestionnaire de fenêtres apportant une composition du bureau, pour lui donner des effets visuels modernes comme avec le spin Fedora MATE-Compiz.
Étant bâti avec les librairies du projet Gnome, les applications conçues avec les mêmes technologies s’intègrent parfaitement dans MATE, étendant ainsi énormément les fonctionnalités de l’environnement.
Enfin, MATE reprend par défaut à la lettre les recettes ergonomiques de son ancêtre, avec l’habituel système de la double barre d’outils et de menus, une en haut de la fenêtre et l’autre en bas ainsi que le système de bureaux multiples aisément accessible.
Xfce
Xfce est un autre environnement de bureau présent sur la scène depuis longtemps car il a été créé en 1996, c’est l’un des projets les plus anciens encore actif actuellement. Le projet s’inscrit dans l’objectif de fournir un environnement de bureau le plus léger et rapide possible tout en étant visuellement attrayant. Ainsi, comme MATE, cette légèreté fait qu’il s’exprimera pleinement aussi bien sur les configurations les plus modestes que sur les PCs dernier cri ultra-puissants. Les dernières version de Xfce ont vu l’ajout dans le gestionnaire de fenêtre d’un outil de composition du bureau, apportant des effets graphiques supplémentaires tout en conservant la légèreté et la fluidité de l’ensemble.
Comme tous les autres environnements, il fournit de nombreux utilitaires du tronc commun comme un gestionnaire de fichiers, un systèmes de notifications ainsi que des outils de configuration. En plus de cela, on peut trouver des applications telles qu’un gestionnaire d’agenda, une visionneuse d’images ou encore un éditeur de texte.
Xfce est disponible dans toutes les grandes distributions Linux, et est l’environnement de bureau par défaut de certaines d’entre elles comme Xubuntu ou Manjaro Linux.
Depuis 1999, Xfce est bâti avec la librairie graphique GTK du projet Gnome, ce qui fait que toutes les applications écrites avec cette bibliothèque s’intègrent parfaitement à l’environnement, étendant grandement ses fonctionnalités. Le bureau dispose également de nombreuses options de configuration ce qui le rend très personnalisable.
Par défaut l’ergonomie de Xfce implique une petite barre de lanceurs occupant le bas de l’écran et regroupant les lanceurs d’application favoris et un raccourci pour réduire toutes les fenêtres simultanément. Une barre est également présente dans le haut de l’écran et celle-ci accueille le menu des applications, ainsi que la barre des tâches. Les boutons de contrôle des fenêtres sont les trois traditionnels (fermeture, réduction dans la barre des tâches et mode fenêtre/plein écran), auquel est ajouté un quatrième qui a pour fonction de replier la fenêtre dans sa propre barre de titre, fonctionnalité apportée par le gestionnaire de fenêtres de Xfce.
LXQt
C’est un projet relativement nouveau dans les monde des environnements de bureau pour Linux. Il est le fruit du rapprochement des développeurs des environnements LXDE et Razor-Qt. Ces deux derniers environnements vont donc finir par disparaître pour laisser seul LXQt comme projet activement maintenu.
LXQt est disponible dans toutes les grandes distributions, et est l’environnement de bureau par défaut de variantes de grandes distributions comme Lubuntu ou le spin LXQt de Fedora Linux.
Comme les deux environnements de bureau dont il est le fruit de l’union, son objectif est d’être le plus léger et rapide possible, ce qui le destine à fonctionner sur tout type de machine, y compris les ordinateurs assez anciens ou peu puissants.
La nature récente du projet implique que l’environnement ne propose pas une quantité phénoménale de logiciels, cependant, et comme son nom l’indique, il est basé sur la bibliothèque Qt, et donc tous les logiciels développés avec celle-ci s’y intégreront parfaitement; il pourra donc profiter de l’abondance de logiciels développés pour l’environnement KDE.
Sa philosophie d’ergonomie est des plus classiques, avec une barre des tâches en bas de l’écran, comprenant le menu des lanceurs des logiciels, les fenêtres actives ainsi que la zone de notifications. L’environnement est très personnalisable, et profite des nombreux thèmes graphiques développés pour les environnements Qt.
Bien que récent, c’est un projet très prometteur et le fait que les grandes distributions l’aient rapidement intégré, et que certaines d’entre elles aient publié des versions avec LXQt par défaut montre que l’avenir de ce projet est à l’accueil d’une communauté de plus en plus grande d’utilisateurs.
Cinnamon
Dernier environnement de bureau cité dans ce petit tour d’horizon, mais pas des moindres, Cinnamon est un projet également relativement récent. Il est apparu en 2011, d’abord sous la forme d’extensions développées pour Gnome. En effet, celui-ci alors passé en version 3, impose un changement radical d’ergonomie. Afin de lui redonner une ergonomie plus classique, avec une barre des tâches en bas de l’écran comprenant entre autres un menu classant les lanceurs d’application par thème, les programmeurs de Linux Mint initient le développement d’un ensemble d’extensions regroupées sous le nom « Mint Gnome Shell Extensions ». Le nombre croissant d’extensions développées justifia l’envol de Cinnamon en tant qu’environnement de bureau à part entière dans le courant de l’année 2013 ; les développeurs de Linux Mint dérivent (« forkent ») alors plusieurs logiciels centraux de Gnome. Ainsi, à l’instar de ce qu’il s’est passé avec MATE, l’arrivée de Gnome 3 impliqua l’apparition d’un nouvel environnement de bureau.
Il est maintenu par l’équipe de développement de la distribution Linux Mint, pour elle-même. Il en est son environnement de bureau par défaut, et est également disponible dans toutes les autres grandes distributions. Certaines d’entre elles lui dédient un dérivé telles que la saveur non-officielle Cubuntu.
Le but de ce projet est de fournir un environnement de bureau à l’aspect esthétique et moderne, comprenant de nombreux effets visuels, tout en conservant le paradigme classique de l’environnement de bureau. C’est pour ainsi dire une réussite, et Cinnamon a été à de multiples reprises plébiscité par la communauté des utilisateurs pour son aspect et pour son ergonomie. En outre, Cinnamon dispose d’un nombre relativement important d’options de configuration et de personnalisation. Les nombreux effets graphiques animant l’environnement le destinent de préférence à être utilisé sur une machine relativement puissante.
Basé sur la bibliothèque GTK de Gnome, il profite de la parfaite intégration des tous les logiciels développés avec pour offrir toutes les fonctionnalités dont on peut avoir besoin dans un environnement de bureau.
On voit quand même deux grandes familles !
Oui et non. En effet, tous les environnements de bureau cités ici sont bâtis soit sur la librairie GTK, soit sur la librairie Qt. Cependant, il n’y a pas forcément de filiation entre ceux qui partagent les mêmes briques graphiques car ce sont des projets distincts. Par ailleurs, il existe des environnements de bureau qui ne sont pas basés sur ces bibliothèques.
Y-a-t-il d’autres environnements de bureau ?
Oui, comme enlightenment (qui n’est ni basé sur GTK ni sur Qt) ou encore quelques autres comme LXDE et Razor-Qt qui bien qu’amenés à disparaître au profit de LXQt sont encore largement distribués actuellement.
Tous ces environnements de bureau sont-ils incompatibles entre eux ?
Non, ils peuvent très bien tous cohabiter sur la même machine. De même, et sans aller aussi loin que l’installation de plusieurs environnements en entier, il est tout à fait possible d’installer des utilitaires développés dans le cadre d’un environnement dans un autre environnement, et ce même si ceux-ci ne partagent pas les mêmes bibliothèques graphiques. Dans ce dernier cas, l’installation du logiciel en question se fera au prix de l’installation des éléments supplémentaires dont il dépend, mais tout cela est géré automatiquement par les distributions, nous en reparlerons dans un prochain article.
Par ailleurs, les standards rédigés par freedesktop.org et respectés par tous ces environnements de bureau améliorent la compatibilité entre eux et leur inter-opérabilité, par exemple en harmonisant leurs raccourcis clavier, en définissant un canal de notification standard ou bien encore en partageant la structure des répertoires des utilisateurs.
Quels environnements de bureau pour Linux choisir ?
Il est impossible de conseiller de manière pertinente un environnement ou un autre, et c’est à chacun de choisir selon ses goût. Tous sont très populaires, et ont leur public conquis par telle ou telle fonctionnalité, tel ou tel thème graphique, telle capacité à être personnalisé. Un premier critère de sélection pourrait cependant être le type de machine sur laquelle l’installation sera effectuée : si c’est un vieux PC peu puissant, un environnement léger comme Xfce, LXQt ou MATE seront plus efficaces. Si c’est sur une machine récente, il n’y a pas de limites et l’utilisateur pourra également profiter des bureaux élégants que sont Cinnamon, Gnome ou KDE et leurs multitudes d’effets graphiques.
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